La friche est un terrain qui n’est pas cultivé, où poussent les fleurs sauvages et les herbes folles. Un lieu où se terre la sauvagine, et sur lequel se complaisent les dernières espèces en liberté. Un sol laissé à l’abandon, qui ne reçoit ni engrais, ni poison. Qui ignore le soc de la charrue.

Autant dire, vous l’aurez aisément deviné, que les créateurs auxquels est consacré ce modeste site ne figurent pas sur le fronton des temples de l’art officiel et labellisé. Il s’agit essentiellement de personnes de modeste condition: artisans, ouvriers, paysans ou marginaux. N’y voyez surtout pas des excentricités dépourvues de sens, ou de simples objets de curiosité. Vous vous tromperiez lourdement! Dans cette société terriblement organisée, où le cauchemar sera bientôt remboursé par la sécurité sociale, ils nous offrent le rêve! Dans un monde désenchanté, ces hommes et ces femmes nous ouvrent les portes du merveilleux. A travers ces œuvres qui conjuguent jubilation et subversion, ils révèlent une inventivité débridée. Voyons-y les manifestations d’une imagination sans borne et délivrée de toute contrainte.




Joe Ryczko.



mercredi 17 mars 2010

Eléments temporels: Claude Massé au Manoir des Renaudières du 6 mars au 4 avril 2010.



Né en 1934 à Céret, Claude croisera, durant son enfance, les artistes et créateurs qui rendaient visite à son père, l’écrivain Ludovic Massé. La rencontre avec Raoul Dufy en 1947 s’inscrit au premier plan. Dès l’âge de 19 ans, il part travailler dans une agence de presse parisienne. Les rencontres formatrices continuent, avec les peintres Bissière, Schneider, Kumi Sugaï ou des poètes comme Henri Pichette.
L’année 1958 voit disparaître sa mère, Louise. Il rencontre Henri Michaux, puis entame avec Jean Dubuffet une correspondance qui ne cessera qu’en 1985. Claude Massé et Catherine Moro se marient en 1961. Il commence alors à s’intéresser à cet art qu’on dit « autre », par des travaux sur Nataska, Jean Pous, René Guisset, Marcel Manent… Il collaborera entre 1960 et 1985 avec pas moins de 27 créateurs roussillonnais, représentatifs de cette voie. Catherine met au monde leur fils Christophe en 1961.
Travaillant à la bibliothèque de Perpignan à partir de 1963, Claude Massé écrit de la poésie et réalise ses premiers collages. Directeur du Musée d’Art Moderne de Céret entre 1967 et 1972, il y organise de nombreuses expositions, occasions de rencontrer encore de prestigieux artistes comme Chagall, Picasso, Masson et Desnoyer. Il correspond avec avec René Char. L’œuvre personnelle s’entrevoit à partir de 1974, avec des séries de cartons collés, de colis postaux et plusieurs biographies. Les premiers Patots voient de jour en 1979. La première exposition personnelle de Claude Massé a lieu en 1981 à Andorre La Vella.




Ludovic Massé, l’écrivain et père vénéré, décède en 1982. Claude commence alors une autre œuvre, plus intime encore, sur les travaux de son père. Après une exposition à Barcelone en 1983 commencent à s’enchaîner les présentations de son travail personnel. Il quitte bientôt le cadre européen. Une production prolifique ahurissante déferle depuis le petit atelier de Perpignan, devenu Centre du Monde de « l’Art Autre » : 30 livres illustrés, 2500 dessins, 7000 collages, et 45000 lièges de toutes tailles.
Claude Massé, dont les œuvres sont propriétés de musées et de collections privées dans de nombreux pays, donne des conférences, participe à des colloques, réalise des installations dans le monde entier. Il continue d’arpenter et de nous livrer le cadastre de son monde intérieur infini, chérissant l’œuvre de son père et la sienne avec la même ténacité et la même humilité…

Source : L’Agenda de Carquefou n° 223, mars 2010 (www.carquefou.fr).

Claude Massé expose du samedi 6 mars au dimanche 4 avril 2010 inclus, au Manoir des Renaudières, à Carquefou.


(Illustrations: Patots, Claude Massé)

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