La friche est un terrain qui n’est pas cultivé, où poussent les fleurs sauvages et les herbes folles. Un lieu où se terre la sauvagine, et sur lequel se complaisent les dernières espèces en liberté. Un sol laissé à l’abandon, qui ne reçoit ni engrais, ni poison. Qui ignore le soc de la charrue.

Autant dire, vous l’aurez aisément deviné, que les créateurs auxquels est consacré ce modeste site ne figurent pas sur le fronton des temples de l’art officiel et labellisé. Il s’agit essentiellement de personnes de modeste condition: artisans, ouvriers, paysans ou marginaux. N’y voyez surtout pas des excentricités dépourvues de sens, ou de simples objets de curiosité. Vous vous tromperiez lourdement! Dans cette société terriblement organisée, où le cauchemar sera bientôt remboursé par la sécurité sociale, ils nous offrent le rêve! Dans un monde désenchanté, ces hommes et ces femmes nous ouvrent les portes du merveilleux. A travers ces œuvres qui conjuguent jubilation et subversion, ils révèlent une inventivité débridée. Voyons-y les manifestations d’une imagination sans borne et délivrée de toute contrainte.




Joe Ryczko.



vendredi 14 novembre 2008

A la friche cette semaine: Bernard Le Nen.

Je reste subjugué par les peintures de Bernard Le Nen. Ses personnages morts de peur, bouffis d’angoisse ont une force d’expression incroyable. Sur fond noir, les saynètes qu’il peint relèvent du fantastique, du surréel. Ses visions cauchemardesques sont aussi fascinantes que déroutantes. L’homme et sa place dans le cosmos, l’homme et sa condition absurde, l’homme et ses peurs ancestrales sont au centre de cette œuvre tourmentée mais combien puissante.

Il nous montre des monstres, des êtres difformes dans des positions incongrues et saugrenues. Il se plaît à peindre des personnages étranges, des situations cocasses, burlesques ou désopilantes. L’imagination de Bernard le Nen n’a pas de limite et l’onirisme habite toute sa création. Comment rester insensible devant les figures pathétiques, hallucinées ou grotesques peintes par cet artiste visionnaire? Comment ne pas se reconnaître dans ces créatures constamment reliées à la bestialité et à un univers qui les écrase? Nous sommes là en présence d’un travail d’une singulière inventivité. Le Nen conjugue avec un art consommé l’humour noir, la loufoquerie, le tragique et le non-sens. Bernard le Nen est décidément un artiste rare.


Joe Ryczko.
















(Illustrations: Bernard Le Nen. De haut en bas, "La mort du chat", sans titre, "Têtes creuses". Source: http://www.artgument.com/)



Cliquez ICI pour vous rendre sur le site du peintre Bernard Le Nen.
Cliquez ICI pour vous rendre sur le site de la galerie "Artgument", dont l'expo "La Faim de l'Art" débute dès demain, samedi 15 novembre, et se tiendra jusqu'au 4 décembre.

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