La friche est un terrain qui n’est pas cultivé, où poussent les fleurs sauvages et les herbes folles. Un lieu où se terre la sauvagine, et sur lequel se complaisent les dernières espèces en liberté. Un sol laissé à l’abandon, qui ne reçoit ni engrais, ni poison. Qui ignore le soc de la charrue.

Autant dire, vous l’aurez aisément deviné, que les créateurs auxquels est consacré ce modeste site ne figurent pas sur le fronton des temples de l’art officiel et labellisé. Il s’agit essentiellement de personnes de modeste condition: artisans, ouvriers, paysans ou marginaux. N’y voyez surtout pas des excentricités dépourvues de sens, ou de simples objets de curiosité. Vous vous tromperiez lourdement! Dans cette société terriblement organisée, où le cauchemar sera bientôt remboursé par la sécurité sociale, ils nous offrent le rêve! Dans un monde désenchanté, ces hommes et ces femmes nous ouvrent les portes du merveilleux. A travers ces œuvres qui conjuguent jubilation et subversion, ils révèlent une inventivité débridée. Voyons-y les manifestations d’une imagination sans borne et délivrée de toute contrainte.




Joe Ryczko.



vendredi 9 avril 2010

Alain Lacoste. "Les lacosteries".

Article paru dans "Les Friches de l'Art" numéro 15.


J’ai toujours aimé ses compositions hardies. Ses lacosteries pleines de drôlerie ou de pure fantaisie m’enthousiasment. Le personnage facétieux, parfois loufoque, mais qu’on devine austère, aime à manier la plume. Ses aphorismes, ses sentences, ses pensées calamiteuses font mouche. Ses propos à la fois lucides, légers, et graves révèlent une personnalité des plus insolites. Lacoste a le goût de la voltige et cultive l’art de la pirouette. L’homme redoutable, promène un regard sans concession sur la création contemporaine et sur lui-même. Attitude certes mal commode mais combien salutaire.

Joe Ryczko.


A découvrir ci-dessous, quelques écrits et dessins d'Alain Lacoste:




A L A I N F L A N E R I E S


Pierre peint le cœur des pierres.

Pétrir, pétrification, putréfaction.

La mer a besoin de la plage pour devenir artiste.

Ecolos, laissez nous quelques déchets.

Ce qui est arrivé est trop évident.

Pousser l’anthropomorphisme jusqu’à l’absurde.

Mon problème, ce n’est pas le multiple, c’est le singulier.

Gargantua de papier.

Grand pendeur d’andouilleries.

Certains jours on grapille dans l’atelier.

Imiter la nature non dans sa relativité mais dans ses procédés (les montagnes, les plages, les racines).

Trop de blanc nuit.

Dans la précipitation on fait les meilleures choses.

Les artistes romans eux aussi, ils faisaient les arbres comme des feuilles. La feuille n’est pas l’arbre mais le résumé.

La bûche a déjà une forme de flamme.

Nos armoires ont toujours grincé, Dieu merci.



Alain Lacoste.



Aucun commentaire: